Zoom sur Tanuki : le produit interne de feedback
Teddy, Développeur Front-End, partage son expertise sur Tanuki, notre outil de feedback, et vous en dit plus sur ses fonctionnalités et avantages
Véritable complément au HTML sémantique, ARIA permet de renforcer l’accessibilité d’une application web pour les personnes en situation de handicap. Bien que crucial pour le bon fonctionnement des technologies d’assistance, l’usage d’ARIA peut paraître cryptique pour les intégrateurs non-initiés. Voici quelques repères pour bien commencer!
ARIA, acronyme pour Accessible Rich Internet Applications, est un ensemble d’attributs en HTML qui permettent d’indiquer l’utilité ou l’état d’un élément aux technologies d’assistance. ARIA est conçu pour fonctionner avec ces dernières afin d’aider l’utilisateur à mieux percevoir la page. Utilisé de consort avec un HTML sémantique et solide, il vous permettra de renforcer l’accessibilité des sites que vous développez.
Dans cet article, vous trouverez quelques attributs ARIA importants avec leurs bonnes pratiques associées. Vous trouverez ensuite quelques tips pour bien commencer avec ARIA !
Impossible de parler d’ARIA sans commencer par les rôles. Ils permettent d’ajouter une précision sémantique à un élément HTML afin que sa nature soit mieux reconnue par les technologies d’assistance comme les lecteurs d’écran mais aussi les bots d’indexation. Dans les faits, ils permettent donc d’écrire du HTML sémantique d’une autre façon qu’en utilisant une balise sémantique HTML5 comme <button> ou <nav>
Ainsi, il est possible d’indiquer au navigateur et à un lecteur d’écran que nous créons un bouton à l’aide de la balise sémantique :
<button>Se connecter</button>
Mais aussi avec une balise "div" grâce au rôle "button" :
<div role="button">Se connecter</div>
Un lecteur d’écran reconnaîtra chacun de ces deux éléments comme un bouton. Quelle option choisir, alors ?
Avant toute chose, une petite explication s’impose.
La deuxième option a beau être similaire au niveau sémantique, il ne s’agit pas d’un bouton au niveau fonctionnel : il va falloir lui donner des styles pour tous ses états, les évènements en JavaScript, faire en sorte qu’il gère le focus, que le curseur change au survol... Alors que tout ça est déjà pris en charge par la balise HTML.
En d’autres termes, utiliser la deuxième option revient à réinventer la roue. Avec la première, vous avez une base de logique et de styles sur laquelle vous allez pouvoir construire votre composant.
Dès lors que le HTML5 prévoit une balise dédiée et bien supportée par les navigateurs récents, il est fortement conseillé de s’en servir.
On optera donc pour la balise <button> dans l'écrasante majorité des cas.
Mais du coup, quand est-il préférable d’utiliser un rôle ARIA plutôt qu’une balise sémantique ?
Nous venons de voir qu’il était préférable d’utiliser les balises sémantiques. Or, il n’en existe pas encore pour tous les rôles ARIA possibles.
Par exemple, si la balise <input> existe pour la majeure partie des contrôles, le rôle combobox a une valeur sémantique plus précise : il s’agit d’un type d’élément qui peut contenir un champ de saisie et un menu dropdown qui peut être une liste d’options ou une boîte de dialogue. Dans ce cas-là, il est possible d’utiliser une <div> avec ce rôle, avec comme éléments enfants un <input> et un menu <select> qui s’affiche à la sélection de l’input, par exemple.
D’autres balises ne sont pas encore bien supportées par tous les navigateurs. Je pense par exemple à <dialog> qui n’est pas encore totalement supportée mais pourtant nécessaire à la bonne utilisation des modales par les utilisateurs malvoyants. Dans ce cas-là, il sera possible d’utiliser le rôle dialog sur une balise faiblement sémantique :
<div role="dialog" aria-label="Confirmation d'annulation" aria-hidden="false"><!-- Le contenu de votre modale --></div>
Voire même de l’utiliser conjointement à la balise pour en augmenter le support :
<dialog role="dialog" aria-label="Confirmation d'annulation" aria-hidden="false"><!-- Le contenu de votre modale --></dialog>
Quelques astuces pour bien utiliser les rôles :
L’attribut aria-label permet d’ajouter un nom accessible qui ne sera visible que par les technologies d’assistance. La valeur de cet attribut sera par exemple dictée par le lecteur d’écran au survol ou au focus de l’élément. Il est particulièrement utile employé sur les éléments interactifs ne décrivant pas leur fonction comme les burger buttons. Sa sémantique étant proche de la balise <label>, il convient de l’utiliser lorsqu’il n’est pas possible d’utiliser cette dernière.
L’utilité de l’attribut aria-label n’étant pas toujours claire, voici un petit diagramme qui vous permettra de déterminer si vous avez besoin d’utiliser aria-label sur votre élément selon son utilité.
A la lecture de ce diagramme, on remarque que cet attribut n’est nécessaire que dans des situations très spécifiques. Si vous êtes encore sceptique et vous dites qu’ajouter un aria-label ne peut pas faire de mal, sachez qu’un des concepts clés d’ARIA est le suivant :
"No ARIA is better than bad ARIA"
Si vous ajoutez des aria-label aux éléments contenant déjà un nom accessible, l’information deviendra vite redondante et l’utilisateur de lecteur d’écran sera rapidement submergé d’informations sonores.
Par exemple, pour l’élément suivant :
<button aria-label="bouton réinitialiser">Réinitialiser</button>
Un logiciel comme NVDA lira deux fois “bouton” et “réinitialiser” au survol ou au focus. Ce qui peut facilement gêner l’utilisateur n’utilisant que le son pour naviguer sur l’application.
Quelques astuces pour bien utiliser les labels aria
Contrairement aux deux attributs précédents, aria-hidden ne permet pas d’ajouter de la sémantique à un élément mais au contraire de cacher des éléments du DOM aux yeux des technologies d’assistance. L’élément ne sera pas retiré mais il ne sera plus descriptible par un lecteur d’écran, par exemple.
Cet attribut nous permet dans un premier temps de veiller à la bonne cohérence entre affichage et sémantique : si un élément n’est plus affiché, il ne doit plus être détecté par les technologies d’assistance.
aria-hidden ne doit pas être utilisé sur les éléments visibles à l’écran, sauf si cela améliore l’expérience de l’utilisateur de technologies d’assistances.
Par exemple, vous aurez remarqué que bon nombre d’applications floutent ou grisent l’arrière-plan lorsqu’une modale apparaît. Souvent même, les évènements d’arrière-plan seront désactivés. Ce qui est bien, mais pas assez... Les technologies d’assistance continueront à détecter l’arrière-plan, et donc à lire son contenu. Difficile pour une personne malvoyante (qui n’utilise pas ces indices visuels pour se repérer sur notre application) de comprendre que l’élément important de la page est devenu la modale, pas vrai ? On va donc appliquer aria-hidden="true" à notre arrière plan : seule notre modale sera alors lisible par les technologies d’assistance. L’utilisateur saura alors où il se trouve sur notre page.
Quelques astuces pour bien utiliser l’attribut aria-hidden
ARIA est un atout de taille pour renforcer la sémantique de son application et donc de la rendre plus accessible. Cependant, il n’est pas forcément évident de savoir par où commencer pour s’en servir.
Il n’est pas nécessaire de connaître tous les attributs ARIA pour commencer à utiliser ARIA. Dans un premier temps, concentrez-vous sur la sémantique de votre application, c’est-à-dire sur le HTML (certaines balises un peu mal aimées comme <fieldset> ou <aside> méritent plus d’attention) et sur les rôles. Si vous utilisez du HTML sémantique, vous utilisez déjà des rôles sans le savoir !
Pour chaque élément que vous créez, assurez-vous que celui-ci communique d’abord clairement sa nature au navigateur. Si vous ne pouvez pas le faire par le biais d’une balise, alors vous pouvez utiliser un rôle et ses attributs ARIA associés.
Un bon point de départ pour découvrir les rôles d’ARIA est de consulter la rubrique dédiée du Mozilla Developer Network ici.
La page principale vous fournira une liste de tous les rôles (y compris ceux qui sont désuets ou carrément à éviter). Pour chaque rôle, il est possible de consulter la page dédiée qui détaillera :
N’hésitez pas à lire attentivement la page principale et à vous référer aux rôles lors de la création de vos éléments et composants !
Puisqu’il faut prendre en charge l’accessibilité de son application pendant le développement, des outils existent pour nous aider. Par exemple, le plugin d’ESLint pour React nommé jsx-a11y qui vous alertera s’il vous faut renforcer l’accessibilité à certains endroits de votre JSX.
Ce plugin est notamment habilité à reconnaître les mauvais usages d’ARIA et vous aide à les corriger :
Plus d’informations sur ce package : https://www.npmjs.com/package/eslint-plugin-jsx-a11y
Les plugins d’accessibilité comme Lighthouse ou aXe accessibility vous permettront de scanner votre page et de vous fournir une liste de problèmes d’accessibilité à corriger. Parmi eux, les soucis liés à l’accessibilité et à la sémantique !
Lors de l’usage de ce type d’outil, n’oubliez pas de scanner la page pour chacun des états de celle-ci (si elle peut afficher une modale, scannez votre page une nouvelle fois avec la modale ouverte).
ARIA doit rester un complément à un HTML sémantique et robuste ! Ne l’utilisez que lorsqu’il représente un réel intérêt pour vos utilisateurs. Il vaut mieux utiliser peu de ARIA de façon réfléchie que beaucoup de façon automatique. Comme nous l’avons vu précédemment, ARIA peut impacter l’expérience de nos utilisateurs d’une façon positive comme négative. C’est donc un outil important à maîtriser pour réaliser des applications plus accessibles et donc plus inclusives.
Nous croyons en un nouveau modèle de consulting où l’excellence commence par l’écoute, le partage et une vraie vision